Laxophobie & relations : quand l’anxiété intestinale et digestive isole… et comment retrouver du lien

La laxophobie, ou la peur de ne pas pouvoir se retenir et avoir une diarrhée en public, est une phobie encore peu connue… mais aux conséquences bien réelles.

Elle ne touche pas seulement le corps ou le mental.

Elle impacte profondément les liens avec les autres : partenaire de vie, enfants, amis, collègues.

Quand cette peur s’installe, elle pousse au retrait, à la honte silencieuse, au repli.

Comment garder une vie relationnelle épanouie quand on vit avec ce type de trouble ? Et surtout, comment ne pas laisser la peur prendre toute la place dans nos liens affectifs ?

Le couple et la Laxophobie

 

Vivre en couple tout en ayant peur d’être “pris au dépourvu” peut générer beaucoup de stress.

Ce stress, s’il n’est pas verbalisé, s’infiltre dans la relation : on évite les sorties, on recule les projets, on devient irritable ou distant, sans forcément pouvoir l’expliquer.

Souvent, on préfère cacher ce que l’on vit, par peur d’être jugé ou incompris. Mais cette dissimulation a un prix : l’isolement émotionnel, y compris à deux.

Et avant même que la relation ne commence, la laxophobie peut devenir un véritable frein :
la perspective du premier week-end ensemble, d’une nuit à l’hôtel, d’un dîner à l’extérieur, peut créer une angoisse si intense qu’on évite toute nouvelle rencontre. On repousse l’intimité, les opportunités affectives… et on s’installe dans une solitude non choisie.

À l’inverse, lorsque la parole se libère (avec simplicité, sans dramatisation), le lien peut se renforcer. Ce n’est pas le symptôme qui abîme la relation, mais le silence ou le retrait non expliqué. Beaucoup de partenaires se montrent plus compréhensifs qu’on ne l’imagine, à condition de leur donner des clés pour comprendre ce qui se joue.

Mais attention : dans les couples installés, un autre écueil peut apparaître. Par amour, le ou la partenaire peut entrer dans des comportements de réassurance : organiser les trajets pour qu’il y ait des toilettes, éviter les situations nouvelles, valider toutes les peurs pour rassurer à court terme.

Or, même si ces gestes sont pleins de bonnes intentions, ils renforcent le trouble. Ils entretiennent l’idée que “le monde est dangereux” et que seul un environnement hyper-sécurisé est tolérable. Ce n’est pas aider que d’aider à éviter.

Ce qui aide vraiment ? Être là, sans fuir. Encourager les petits pas, sans tout contrôler. Refuser d’être sauveur, mais rester présent.

Le lien amoureux peut devenir une terre d’expérimentation précieuse : un espace pour apprendre à rester, malgré la peur. Ensemble, sans la nier, sans la nourrir non plus.

La famille et la Laxophobie

 

Dans les cercles familiaux (parents, fratrie, enfants), la laxophobie est souvent mal comprise. Elle peut passer pour de la fragilité, de l’exagération, ou une forme de caprice.

Et pourtant, il ne s’agit ni d’une question de volonté, ni d’un souci passager : la laxophobie est une véritable phobie qui peut devenir envahissante et altérer le quotidien.

Certains environnements familiaux (très rigides, contrôlants, culpabilisants autour du corps) ont même pu jouer un rôle dans le développement initial du trouble. Mais plutôt que de rejeter la faute, il est plus constructif de travailler aujourd’hui à rétablir un climat de compréhension mutuelle.

Expliquer, poser des limites claires, dire ce qu’on ressent sans agressivité, sont des premiers pas vers un lien plus serein. Et quand ce n’est pas possible avec certains proches, il est parfois nécessaire d’apprendre à protéger son espace intérieur sans culpabilité.

La Laxophobie et les relations sociales

 

Les relations amicales, professionnelles ou sociales sont souvent les premières sacrifiées. Par peur d’être dans une situation incontrôlable, on évite : les repas, les réunions, les soirées, les déplacements.

Mais plus on évite, plus le monde extérieur devient menaçant.

Et plus on se replie, plus la phobie grandit.

Ce cercle vicieux de l’évitement est bien connu en thérapie. Ce n’est pas la peur en elle-même qui entretient le trouble, mais les stratégies pour éviter d’avoir peur.

Sortir de cette boucle passe souvent par une posture intérieure différente : oser se montrer tel qu’on est, progressivement, dans des contextes choisis, sans chercher à être parfaitement “en contrôle”.

Dire à un ami : “j’ai une relation un peu compliquée avec mon système digestif, ça me rend parfois anxieux·se”, suffit. Pas besoin de tout expliquer. Juste de commencer à exister dans la relation malgré la peur.

En résumé

 

La laxophobie peut fragiliser les liens… ou devenir une opportunité de les renforcer autrement : par l’authenticité, la communication, le courage d’être soi.
Il ne s’agit pas de se cacher, ni de se suradapter, ni de mettre en place des sécurités invisibles partout.

Ce qu’il faut, c’est revenir dans le lien, un pas à la fois, même avec la peur.

La liberté relationnelle ne se trouve pas dans le contrôle.
Elle se construit dans la présence à soi, et à l’autre, sans masque.